Des planches à l’écriture
Claude Berel Langmann, tel est
le nom que ses parents, juifs ashkénazes, lui donnent à la naissance.
L’enfant voit le jour sous le ciel de Paris le 1er juillet 1934. A
priori, rien ne prédestinait le jeune homme à embrasser une carrière
dans l’art.
Son père est fourreur de son état et sa mère
ouvrière. De ce milieu plus ou moins quelconque démarrera pourtant
toute une vie de passion lorsque Claude Berri décide de suivre des cours de théâtre, tout en s’efforçant de prendre goût à l’activité de son père.
Du cours Simon, il retient l’essentiel pour se permettre un premier rôle sur les planches dès 1953. La pièce « Rue de l’estrapade » lui offre la première occasion de paraître en public. La véritable percée du comédien tarde à se faire, même si des films de Claude Autant-Lara lui offrent quelques apparitions.
On le note dans « Le Blé en herbe » en 1954, avant qu’il ne campe l’un des personnages de « Les bonnes femmes », pour Claude Chabrol, en 1960. La reconnaissance se pointe enfin avec « Le poulet », cinq ans plus tard. Le scénario de ce court-métrage, concocté par Claude Berri, plaît et le jeune homme rafle d’emblée l’Oscar de la catégorie, en 1966.
Un réalisateur qui sait toucher les cœurs
A compter du moment où le nom de Claude Berri
perce chez le public, ce dernier continue son parcours à un rythme
proche de la frénésie. Il posera à peine des limites entre son chapeau
de réalisateur et ses engagements de comédien. Le tout, en continuant
d’affiner son talent certain pour l’écriture.
Ainsi, il ne se contente pas d’être le réalisateur de « Le vieil homme et l’enfant
» en 1966. Le script de ce premier long-métrage sort de sa propre
imagination. Touchant d’authenticité, ce film évoquant l’Occupation
allemande permet à Claude Berri de gagner définitivement les cœurs.
Le répertoire du réalisateur comptera, par la suite, nombre d’œuvres inspirées de son propre vécu. En 1970, il signe « Le cinéma de papa », où il joue son propre rôle, tout comme dans « Sex-shop », deux ans plus tard.
La
manière très naturelle dont le réalisateur évoque divers aspects de son
existence et de la vie, en général, convainc de plus en plus. En 1980,
dans « Je vous aime », c’est en connaissance de cause qu’il
livre une analyse réaliste et touchante des heurs et malheurs de la vie
à deux. Sa séparation de sa première épouse n’a pas manqué de lui
insuffler des idées de scénario.
D’ovations en productions
Comme une revanche envers les aléas de l’existence, c’est un Claude Berri
déterminé à recueillir des bravos qui se révèle au monde, après 1981.
Le box-office parle pour l’admiration que lui porte le public, en lui
attirant plus de 3 800 000 entrées pour « Tchao pantin », en 1983, sans parler des multiples Césars que génère le titre.
Au milieu de la décennie, le réalisateur frappe le coup de grâce avec « Jean de Florette » qui déchaîne un flot de nominations et de distinctions. A son titre personnel, Claude Berri
décroche le Prix de l’Académie nationale du cinéma, à défaut de
remporter le César du meilleur réalisateur pour lequel il est nominé.
Voué corps et âme à la cause du septième art, Claude Berri
s’impose sur un autre front. S’essayant à la production dès ses
premiers pas derrière l’objectif, il crée une société dont le dynamisme
finit par séduire Pathé.
De Jean-Jacques Annaud à Roman Polanski, sans oublier Claude Zidi, le génie de Claude Berri, producteur, a permis à nombre de réalisateurs de faire tenir la route à leurs projets, généralement à succès. Entre « Astérix et Obélix : mission Cléopâtre » en 2002 et l’inénarrable « Bienvenue chez les Ch’tis » en 2008, Claude Berri aura rempli à la perfection sa mission de « parrain du cinéma français ».
En
tirant sa révérence le 12 janvier 2009, il lègue au cinéma français
entier un héritage riche et éclectique. En bonus, il laisse une belle
leçon d’optimisme : « Le monde est parfois pas joyeux. Mais prenez-le
côté Ch’tis ».