Les débuts d'une carrière d'exception
C'est sous le ciel de la Ville Lumière que Max-Gérard Houry Tannenbaum
voit le jour le 29 avril 1919. Sa journaliste de mère et son paternel
rompu aux arts du violon accueillent alors un enfant destiné à se
distinguer de la masse.
À 17 ans à peine, celui qui va devenir Gérard Oury,
s'inscrit au cours Simon après une scolarité des plus classiques au
lycée Janson-de-Sailly. Apparemment déterminé à se tracer son chemin
dans l'art, le jeune homme participe aux leçons du Conservatoire en
1938.
Son séjour le rendra particulièrement familier avec les François Perier et autres Bernard Blier, mais c'est l'influence de Louis Jouvet qui le marquera le plus dans sa carrière.
Son tout premier rôle lui arrive, sous les traits du hasard. Gérard Oury campe un rôle sur les planches dans « Britannicus
», en 1939, pour remplacer le comédien pressenti qui se fait mobiliser.
Au cinéma, le personnage fait son entrée, en tant qu'acteur en tournant
dans un court métrage datant de 1942.
On le voit, par exemple, en 1950 endosser l'un des rôles du « Passe muraille ». Il campe ensuite Aléxis Karénine sous les objectifs de Raymond Rouleau dans son « Anna Karénine ».
Jusqu'en
2003, l'acteur passe de personnage en personnage, se spécialisant dans
l'interprétation des plus antipathiques. Il joue sous la direction de
nombreuses figures de proue du cinéma, tels Édouard Molinaro, Ken Annakin ou Georges Lacombe.
Une vie derrière la caméra
Passionné intégralement par l'univers entier du septième art, Gérard Oury décide de basculer de l'autre côté de la caméra, au début des années 60. Son investissement fut total sur « La main chaude », pour lequel il était autant dialoguiste et scénariste qu'acteur.
Le flop commercial qui en résulte n'entame pas l'enthousiasme du grand homme. Il réitère avec « La menace » la même année, faisant jouer un certain Robert Hossein. Il faut toutefois attendre la sortie de « Le corniaud » en 1965 pour que le cachet de réalisateur de Gérard Oury fasse mouche.
12 millions d'entrée ovationnent l'humour tranchant des Louis de Funès et des Bourvil que
le réalisateur a su porter à son paroxysme. Le succès est fracassant.
Porté par cet accueil, le scénariste remet cela avec « La grande vadrouille » en 1966.
Le cinéma français découvre alors une oeuvre à encenser pendant plus de 40 ans, tandis que Gérard Oury impose son style. On retrouve ce dernier dans « Les aventures de Rabbi Jacob » et jusqu'à son dernier « Le schpountz », qui sort en 1999.
Une carrière truffée de rencontres
Le
chapitre des personnes qui ont travaillé avec lui occupe tout un pan de
l'histoire du réalisateur. Des acteurs, il en a fait tourner toute une
brochette. Au hasard, Dominique Lavanant, Pierre Arditi, Patrick Timsit et Henri Attal ont joué sous sa direction.
Il s'est attaché les services de Maruschka Detmers, Annie Girardot, Sabine Azéma et autres Miou Miou, pour camper ses rôles féminins. Sa fille Danièle Thompson
a co-écrit avec lui les dialogues de ses plus grands succès de
réalisateur, belle expérience qu'elle a su investir à son propre compte
plus tard.
L'une de ses muses au cinéma est d'ailleurs devenue sa plus grande complice dans la vie. Michèle Morgan,
sa compagne, n'est réellement pas la seule à qui la disparition du
réalisateur, le 20 juillet 2006, cause un vide. Tout le cinéma, toute
la culture française déplorent la perte de ce créateur de bonne humeur
honoré par la Légion d'Honneur.
L'ensemble de ses oeuvres, un héritage de générosité et d'humour incomparable, est salué par un César en 1993.