EXTRAITS
La Bajon : N’empêche qu’une bonne soupe d’orties ça te ferait du bien mon Bruno. Et si toi fallait te comparer à un légume, tu serais plutôt mon artichaut : parce qu’il y a plus à jeter qu’à bouffer.
Bruno : Si j’ai bien compris, on parle jardinage cette semaine mamie ?
La Bajon : Comment on peut parler de jardinage avec toi, le seul truc que t’ai jamais planté, c’est ta bagnole. Et la petite à côté de moi ça va faire des années qu’elle est en jachère. Alors je lance un appel à tous nos auditeurs : Il y a moment, il y en a un qui va devoir se dévouer pour labourer.
Bruno : Quand je disais jardinage, je parlais de potager, pas de jardin secret.
La Bajon : Enfin moi, même dans mon jardin secret j’ai des taupes. Et pourquoi tu veux cultiver des trucs mon Bruno, t’as décidé de te lancer dans l’autosuffisance ? En même temps, si c’est ton talent qui est sensé faire bouffer ta famille, tu m’étonnes qu’ils commencent à crever de faim.
Bruno : Ce n’est pas gentil, en plus à la maison tout le monde mange à sa faim.
La Bajon : Alors puisque tu veux des recettes de grand-mère pour manger, voilà : le mieux c’est de commencer par planter des tomates vers mi-mai ou après les gelées printanières, ça pousse vite, c’est bon et nourrissant.
Bruno : Merci mamie, vous voyez, vous pouvez faire des phrases en étant gentille.
La Bajon : Je n’avais pas fini. Et il faut les planter à au moins 15 centimètres de profondeur, alors ne les plante pas avec ta bite, sinon ce sera jamais assez profond.
Bruno : Ooooh pourtant c’était bien parti.
La Bajon : Bah quoi, de toute façon, il faut apprendre vite parce que je te parie qu’on ne va pas tarder à nous donner des normes pour nous empêcher de cultiver chez nous. C’est comme ça qu’ils ont fait avec les cultivateurs. Plus tu mets de contraintes, plus ça coûte de l’argent de les respecter. Et c’est comme ça que tu deviens dépendant de la grande distribution. Avant tu mettais des filets sur tes cultures pour les protéger des corbeaux, et maintenant va aussi falloir les protéger des vautours.
Bruno : Vous allez un peu loin mamie, vous voyez le mal partout.
La Bajon : Et alors ça faisait quasiment un siècle qu’on interdisait aux agriculteurs de vendre leur propre semence paysanne tout ça pour faire plaisir à Monsanto. Bon, là, je ne te cache pas que quand tu vois la gueule de certain gamins, tu te dis que leur semence ils auraient mieux fait de la garder. Allez, bonne fin du monde à tous, bande de cons !