Bruno : Aujourd’hui on reçoit, attendez je n’ai pas bien compris, vous êtes agricultrice ?
La Bajon : Pas tout à fait, bonjour enchantée, moi je suis éleveuse d’humains. À six mille euros d’allocs par mois les dix, je me suis lancée dans l’élevage. Ça fait 600 euros l’humain par mois, sur terre on est bientôt huit millards soit un potentiel à 4 800 milliards d’euros le mois. T’es loin du litre de lait que t’es obligé de vendre 41 centimes du litre.
Bruno : Enfin l’humain on n’en tire pas du lait.
La Bajon : L’humain non, mais l’humaine oui. Je rigole, mais quand tu l’observes un peu,
et que tu vois ce que l’humain dépense tout les jours, tu t’aperçois que tu peux le traitre un moment avant qu’il meugle.
Bruno : Attendez, le raccourci de comparer les humains à des vaches, des chèvres ou des moutons est un peu facile non ?
La Bajon : Pas du tout, parce qu’un mouton t’as beau lui filer un smartphone, il continuera de chercher à se sauver.
Bruno : Donc c’est plus facile de garder des humains que des animaux ?
La Bajon : Évidement et puis pour l’humain les seuls clôtures dont t’as besoin c’est le cadre d’un écran de télévision. Et tu peux en stocker où tu veux. Même faire de l’élevage intensif, rentable. Pour vivre dans une cage à lapin je ne connais pas un seul lapin prêt à payer 500 euros de loyer par mois.
Bruno : En même temps quel animal serait prêt à payer ça ?
La Bajon : Bah le pigeon parisien. Hey d’ailleurs j’en ai une autre : Vous savez vers où migrent les pingouins tous les matins ? Vers les tours de la défense.
Bruno : Vous voulez dire qu’on a tous une vie de chien ?
La Bajon : Ce n’est pas du tout la bonne image Bruno. Un chien il a rien d’autre à faire qu’à dormir, manger et jouer dehors. Un chien t’as des humains qui bossent pour le nourrir pendant qu’il reste tranquillement à la maison. Alors une vie de chien c’est la vie d’un patron du CAC40. Et même si il a envie de se faire caresser dans le sens du poil pendant qu’il mange, il va diner à l’Elysée.
Bruno : Oui mais là c’est quelqu’un d’autre que lui même qui lui lèche les couilles.
La Bajon : Voilà, j’essaie de faire des images poétiques faut que vous rendiez ça vulgaire Bruno.
Bruno : Oui enfin ce n’est pas moi qui fait de l’élevage d’humain.
La Bajon : Mais moi j’ai rien inventé, ça fait des années que l’humain se laisse élever comme du bétail : Dès la naissance, à peine sortie de sa mère, il faut aussi sortir de la maternité pour laisser la place au suivant, ensuite il va dans des écoles aux classes surchargées où il apprendra tout juste à trouver un boulot qui ne peut pas encore être remplacé par un robot, pour finir dans un Ephad où à peine décédé faudra aussi sortir pour laisser la place au suivant. Alors qui c’est qui a décidé de ne pas aller à l’abattoir aujourd’hui ?