De l'enfance à Saumur aux débuts en tant qu'acteur
Yves Robert
fait partie de ces personnages qui ont porté jusqu'à un âge avancé le
souvenir d'une enfance très heureuse. C'est à Saumur qu'il voit le jour
le 19 juin 1920, d'un père dentiste.
La nature du Maine-et-Loire sert de cadre à une enfance où la campagne tient une place de choix. À peine âgé de 13 ans, Yves Robert
découvre différents métiers. Tantôt livreur, tantôt typographe ou
pâtissier, il fait ses premiers essais de la représentation dans les
cafés-théâtres parisiens, qu'il fréquente à partir de 1939.
De
retour à Lyon, quatre ans plus tard, il va devenir un familier des
planches, aux côtés de la troupe Grenier-Hussenot. Il apparaîtra
notamment dans des pièces d'Armand Salacrou, dont « Une femme libre », en 1949, qui marque ses débuts.
En parallèle, il se découvre un véritable talent pour le montage, se délectant de cette occupation sur des oeuvres de Jean Cocteau, de Jean Anouilh ou de Marcel Aymé.
Riche de ses expériences des planches, Yves Robert intègre le grand écran à partir de 1948. Débutant par des petits rôles, comme dans « Les dieux du dimanche », il se verra bientôt sollicité, pour des défis à la hauteur de son talent.
Le comédien fait son cinéma
L'ensemb le de la carrière d'Yves Robert se
déroule sous le signe de la bonne humeur. En tant qu'acteur, il sera
régulièrement vu, campant différents rôles pour des réalisateurs aussi
divers que René Clair /strong> ou Claude Autant-Lara.
Il campe le Zèphe Maloret de « La jument verte », en 1959, avant d'endosser le rôle paternel pour Claude Berri, en 1970, dans « Le cinéma de papa ». Dix ans plus tard, il remet ça dans un répertoire beaucoup moins léger dans « Un mauvais fils ».
Curieux
de nature, le personnage veut découvrir ce qui se passe de l'autre côté
de la caméra. Il inaugure cette expérience par un court-métrage, en
1951, avant de signer un croquant « Les hommes ne pensent qu'à ça », trois ans plus tard.
En 1958, « Ni vu... ni connu » révèle au public une valeur sûre pour la comédie française. Le cachet d'Yves Robert sera largement applaudi lorsque sort « La guerre des boutons ». C'est que le cinéaste sait y faire en matière d'adaptation.
Celle-ci, inspirée de l'oeuvre de Louis Pergaud
lui rapporte le Prix Jean Vigo, en 1961. Éminemment comique,
foncièrement tendre et sans cesse inspiré par les meilleurs souvenirs
qu'il garde de sa jeunesse, Yves Robert réussit un autre doublet gagnant en 1990, en portant à l'écran deux romans de Marcel Pagnol.
Artistes et compagnie
Durant sa carrière, Yves Robert n'a
eu de cesse de semer sur son parcours légèreté et bonne humeur. Son
côté affable et sa bonhomie sont encore ce que le public associe le
plus automatiquement au scénariste-producteur à moustaches.
Il a
su instiller à bien de ses oeuvres une forte dose de ces ingrédients
qui font les films vraiment hilarants. C'est avec ce secret qu'il
révèle le talent de Louis de Funès, sous les traits d'un certain Léon Blaireau, braconnier facétieux qui fait le cauchemar du garde forestier de son village.
Pierre Richard doit également à ce réalisateur débonnaire la révélation de son potentiel. « Le grand blond avec une chaussure noire », sorti en 1972, parachève l'anatomie d'un maladroit comme il n'y en a pas deux.
Ce sens aigu de l'observation et cette passion infinie qu'il porte aux jeux des acteurs, Yves Robert s'en est servi pour inspirer un de ses films les plus marquants.
« Salut l'artiste », qui réunit en 1973 une pléiade d'acteurs, dont Marcello Mastroianni,
dévoile au public les dessous du métier, lorsque la chance n'est pas au
rendez-vous. L'oeuvre fait partie des collaborations les plus
fructueuses du cinéaste avec son complice Jean-Loup Dabadie.
Yves Robert tire
sa révérence le 10 mai 2002, suite à une hémorragie cérébrale, qui
rafle au cinéma français une de ses plus grandes figures. Tous, ses
deux enfants, les acteurs qui ont travaillé sous sa direction et le
public désemparé ont pleuré la mort d' « Un hom me de joie... ».