LE JOURNAL DU RIRE AVEC LAURA LAUNE
Guillaume Poot revient avec Laura Laune, sur ce sujet dont elle parle dans son nouveau spectacle "Glory Alleluia" : son syndrôme d'Asperger
INTERVIEW
Guillaume Pot :
".. J'ai été très surpris en découvrant ce nouveau spectacle, parce qu'on apprend plein de choses sur toi, qu'on est loin d'imaginer. Tu révèle notamment, en toute transparence, avoir le syndrome d'Asperger, qui est une forme d'autisme. C'est bien ça ?..."
Laura Laune :
"Oui, c'est ça. J'ai eu mon diagnostic justement pendant la première tournée, il y a cinq ans, pendait qu'on jouait..."
"... Moi, je me suis toujours sentie un petit peu en décalage. Depuis que je suis toute petite, j'ai ressenti qu'il y avait quelque chose, sans savoir vraiment mettre les mots dessus. Et c'est un jour, un ami qui m'a dit : "Tiens, tu devrais chercher quand même sur le syndrome d'Asperger, ça me parle vachement et tout... Il y a des choses qui me font penser à ça. "...
".. Au début, je me suis dit "non" , parce que j'avais un peu comme tout le monde, des clichés sur l'autisme. On ne connaît pas l'autisme. On se rend pas compte que c'est un spectre très large, et qu'il y a des formes d'autisme très invalidantes qu'on imagine. On a souvent en tête quand on parle d'autisme, mais il y a aussi d'autres formes, qui sont beaucoup plus discrètes, et c'est très large..."
"Du coup, j'ai commencé à me renseigner. Et, effectivement, ça m'a parlé. J'ai commencé à faire les démarches, pour faire les tests. Et puis, le diagnostic est tombé, et ça a été un grand soulagement. En fait, c'est vraiment une très bonne, très bonne nouvelle, pour moi personnellement..."
Guillaume Pot :
"Une très bonne nouvelle ?..."
Laura Laune :
".. Parce qu'en fait, finalement, ce diagnostic donne un peu les clés de ta vie. Tu vois, tu dis, en fait, depuis que je suis toute petite, je me rends compte que je suis un petit peu différente et je ne comprends pas vraiment pourquoi. Et que c'est difficile pour moi. Certaines choses sont compliquées, et elles le sont pas pour d'autres..."
"... Donc on culpabilise. On se dit : c'est pas possible, je suis pas normale, et tout. Et puis, un jour, on me dit : "En fait non... t'es normale. Mais, juste, le cerveau fonctionne différemment. Et c'est pas pour ça qu'il fonctionne moins bien. Et c'est très cool, comme ça. C'est un grand soulagement. Disons que, clairement, oui, ça implique des difficultés dans la vie de tous les jours, et dans les relations sociales, et caetera Beaucoup de fatigue émotionnelle. Moi, je sais que, quand je vois beaucoup de monde, après un moment , je dois me retrouver toute seule , où je veux vraiment recharger les batteries sociales..."
Guillaume Pot :
"... C'est bien pour ça, le one woman show : Tu vas avoir 2000 personnes, chaque soir, devant toi, et ensuite, toute seule dans la loge .."
Laura Laune :
"J'ai choisi le bon métier . Mais, en vrai, c'est ça, C'est cool, parce que, sur scène, j'ai pas tout ça. Sur scène, je suis quelqu'un de différent. Sur scène, tout s'en va. Et, sur scène, il y a une vraie liberté, que je ne trouve pas dans la vie de tous les jours. Moi, je suis plus dans le "contrôler tout.".."
Guillaume Pot :
"Finalement, tu le disais tout à l'heure : c'est quelque chose du négatif, que tu as transformée en positif..."
Laura Laune :
".. Oui, c'est ça. .. mais, après, c'est encore compliqué au quotidien... il y a des choses qui sont compliquées, et qui sont difficiles à vivre. Ce qui est cool aujourd'hui, c'est que, en tout cas, mon entourage est au courant. Et ça, ça change tout. Parce que, aujourd'hui, je peux dire : "Tiens, maintenant, j'ai envie de me retrouver seule" Et tout le monde s'en va. Je vais toute seule dans ma loge, et on me laisse tranquille pendant 1 heure. Et tout le monde comprend. Et tout le monde accepte. Et, autour de moi, j'ai une équipe qui est très à l'écoute de tout ça. J'ai beaucoup de chance.
Guillaume Pot :
"Et sinon, une petite vanne, et tout le monde se barre "
(Rires)